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L'art tribal indien émerge sur la scène internationale, article paru dans le monde.fr

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Message par Pseudoprof Ven 18 Fév - 20:54

L'art tribal indien émerge sur la scène internationale

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] pour Le Monde.fr | 18.02.11 | 17h34 • Mis à jour le 18.02.11 | 18h04

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"Kaag Bhusundi", une toile de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Gallery (Delhi)

Bhopal, envoyé spécial - En
Inde, la place des aborigènes n'est plus au Musée de l'homme, dans ces
reconstitutions où les mannequins en cire, vêtus de costumes
traditionnels, sont assis autour du feu devant leurs maisons
traditionnelles. Les voici désormais au-devant de la scène artistique
contemporaine indienne, avec des œuvres qui se vendent dans les galeries
d'art et les musées du monde entier.
En septembre 2010, la peinture intitulée Paysage avec araignée, de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Shyam, a ainsi été adjugée 31 250 dollars, un record, lors d'une vente aux enchères organisée par Christie's à [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Jangarh [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
est l'un de ceux qui a donné naissance à l'art tribal contemporain
indien. Repéré au début des années 1980 par le conservateur du [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Bawan, grâce à ses fresques murales en pigments naturels peintes à
l'occasion de mariages ou de cérémonies rituelles, il arrive à Bhopal à
l'âge de 17 ans. En utilisant pour la première fois des pinceaux et de
la peinture à l'huile, le jeune artiste dit en avoir "le corps qui tremble".


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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Singh Shyam et de son épouse.DR

De près, ses toiles ressemblent à des milliers de points colorés
dessinés minutieusement qui, de loin, prennent la forme d'animaux
fantastiques. Ceux des mythes et des légendes de la communauté des Gond,
mais aussi ceux de la vie moderne, comme des avions à tête d'oiseau.
Car Jangarh Singh Shyam voyage, d'abord à Paris, en 1989, pour
participer à sa première grande exposition, et découvre la vie urbaine.
Certains galeristes, à Bombay, insistent toutefois pour qu'il se
présente aux vernissages habillé en costume de tribu, tandis que dans
son village, tous le voient déjà en homme de la ville. La place de
Jangarh Singh Shyam n'est plus qu'à la frontière entre ces deux mondes.
Sa carrière artistique s'arrête brutalement lorsqu'il se donne la mort,
un matin de juillet 2001, dans une maison de l'île de Honshu, au Japon,
où il séjourne en résidence, sans laisser d'explications.

DES ÉLÉPHANTS AVEC DES AILES, LES LONDONIENS EN CHAUVES-SOURIS
Jangarh Singh Shyam a laissé de nombreux héritiers, originaires comme
lui, de la tribu des Gond. Cette tribu, dont les origines remonteraient
à plus de 1 000 ans avant Jésus-Christ, est l'une des plus peuplées
d'Inde. Même si leurs royaumes ont disparu au fil des invasions, leurs
croyances animistes sont restées intactes. Les dieux prennent la forme
d'arbres et chaque fleur, chaque fruit, est associé à un mythe. Leur art
pictural se restreignait à la représentation de la nature jusqu'à ce
que Jangarh Singh Shyam, le premier, s'intéresse à la vie moderne et
urbaine.
Bhajju Shyam, qui a appris la peinture à ses côtés, après avoir été
gardien de nuit, continue dans le même esprit. Parti à Londres peindre
des salles de restaurant, il en est revenu avec des dessins publiés dans
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (éditions Tara). Les avions y sont peints en éléphants avec des ailes, et les Londoniens, en chauves-souris. "Contrairement
au village d'où je viens, les habitants de Londres sortent le soir
plutôt que de rentrer chez eux. Et la nature, les animaux, me viennent
toujours en premier à l'esprit, décrire la ville demande trop d'effort"
, confie Bhajju Shyam.


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Bhajju Shyam, dans son atelier[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Quand la BBC lui demande un logo, il propose un oiseau avec des
antennes à la place des plumes. Et lorsque le groupe de communications
WPP lui demande d'illustrer son rapport annuel, il peint un oiseau qui
sort d'un œuf marqué des logos des filiales ou, à la page "résultats
financiers", un oiseau qui couve dans un nid. Bhajju Shyam a arrêté la
publicité et vit désormais de ses peintures.

APPARENTE NAÏVETÉ
Longtemps tenus à l'écart du marché de l'art indien pour leur
apparente naïveté, les artistes Gond sont désormais très courtisés.
Nombreuses sont les galeries, à Bombay et Delhi, à exposer leurs œuvres.
La [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Art organise actuellement – et jusqu'au 28 février – à Delhi la plus
grande exposition jamais consacrée à l'art tribal indien contemporain.
Les jeunes Gond qui espèrent faire fortune sont nombreux à tenter leur chance à Bhopal. "Mais
la plupart se contentent de copier ce qu'ils voient car ils veulent
gagner de l'argent rapidement. Il faut au contraire trouver son style,
ce qui demande de la patience"
, explique Bhajju Shyam. Ceux qui
rencontrent le succès, se convertissent à la vie moderne et habitent de
confortables maisons du centre-ville.
A deux pas de chez Bhajju Shyam, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
termine des peintures pour un dessin animé commandé par une maison de
production de Bombay, et une bande dessinée consacrée à la vie du
docteur Ambedkar, héros du mouvement d'émancipation des intouchables.


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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Vyam, chez elle.Julien Bouissou

Durga [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
qui peint, assise en tailleur sur le sol en marbre de son salon,
entourée de ses assistantes, avait pourtant peur d'arriver en ville, il y
a vingt ans. "On m'avait dit de ne toucher aucun produit électrique car ils pouvaient tuer", se souvient-elle.
Désormais, elle peint, et raconte les mythes de sa communauté comme
s'ils venaient de se manifester sous ses yeux. Celui de la déesse Bambou
par exemple, née du corps sans vie d'une femme assassinée par ses
frères pour qu'ils puissent boire son sang. Ou encore l'histoire d'un
dieu qui, en volant le soleil, fit disparaître les jours. Enfin, celle
d'une antilope qui tombe amoureuse d'un poisson après l'avoir rencontré
en se désaltérant dans la rivière.


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"Bansyn Kania", toile de Durga Bai Vyam.Art Alive Gallery (Delhi)

Durga Bai Vyam décline ces mythes à l'infini dans ses toiles qu'elle prend soin, désormais, de signer. "Je me sens aujourd'hui valorisée. Les gens s'intéressent à mon œuvre depuis que je suis arrivée ici", confie l'artiste.


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Toile sans titre de Durga Bai Vyam.Art Alive Gallery (Delhi)

L'art tribal doit son apparition au papier et à la toile. "La
toile, transportable, a ouvert un champ illimité d'expressivité et a
émancipé les artistes. Ces derniers ne dépendent plus des motifs
traditionnels à peindre sur les murs"
, explique [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], le directeur du Centre national [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
pour les arts et l'un des organisateurs de l'exposition "Autres maîtres
de l'Inde", consacrée à l'art tribal indien au Musée du [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] en 2010 (lire Le Monde du 29 mars 2010). Les peintures rituelles sont devenues objets d'exposition.
Chaque artiste doit désormais chercher sa différence et trouver son
style. Leurs œuvres montrent aussi l'envers de la modernisation. Dans
les toiles de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Mashe, peintre de la communauté Warli, la construction d'un chemin de
fer est représentée comme un mur de séparation, coupant les liens entre
communautés. Les policiers, du fait de leurs arrestations arbitraires,
sont représentés en démons.
L'émergence de l'art tribal indien coïncide avec la prise de
conscience du sort tragique des populations tribales. Au moment de la
colonisation britannique, leurs forêts étaient décimées pour construire,
notamment, le réseau de chemins de fer. Après l'indépendance de l'Inde,
beaucoup d'entre eux ont été expropriés par des entreprises minières.
Aujourd'hui, ils sont victimes d'une guerre qui oppose le mouvement
d'insurrection maoïste à l'armée indienne.
La voix des populations tribales indiennes, longtemps étouffée,
renaît grâce à la peinture. Au même moment, la Cour suprême a reconnu,
dans un jugement rendu le 5 janvier 2011, les discriminations dont ils
ont été victimes : "L'injustice faite à la population tribale
indienne représente un chapitre honteux de l'histoire de notre pays. Il
est temps de réparer l'injustice qui leur a été faite."

Julien Bouissou





  • Des artistes de la tribu Gond publient leur première bande dessinée

Durga Bai Vyam est fière d'avoir aboli les cases dans la bande dessinée qu'elle vient de publier. "Après tout, l'art ne s'enferme pas dans des cages. Il faut lui laisser de l'espace pour qu'il respire",
justifie l'artiste issue de la tribu Gond. Lorsque la maison d'édition
Navayana lui a proposé, ainsi qu'à son mari et à sa fille, d'illustrer
la vie de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
héros de l'émancipation des intouchables et auteur de la Constitution
indienne, la famille Vyam ignorait tout de la bande dessinée et de la
vie du personnage. Ils sont ensuite tombés en admiration devant l'œuvre Bhimrao Ambedkar.

  • [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

    La couverture de la
    bande dessinée "Bhimayana", réalisée par l'artiste indienne Durga Bai
    Vyam, son mari et sa fille, tous issus de la tribu aborigène Gond. Leur
    ouvrage raconte la vie du docteur Bhimrao Ambedkar, héros de
    l'émancipation des intouchables et auteur de la Constitution indienne.

  • [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Editions Navayana


    "L'art ne s'enferme pas dans des cages. Il faut lui laisser de l'espace pour qu'il respire", justifie Durga Bai Vyam, quand on lui demande pourquoi son livre est dépourvu de cases.

  • [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Editions Navayana


    Avant de se lancer, la famille de Durga Bai Vyam ignorait tout de la bande dessinée.

  • [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Editions Navayana


    "Ils ont inventé leur
    propre style de bande dessinée, sans gros plan, et en évitant les
    séquences. Ce livre rend justice à leur langage visuel élaboré autant
    qu'à la vie d'Ambedkar",
    explique S. Anand, le directeur de la maison d'édition Navayana.

  • [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Editions Navayana
"Il a triomphé sur les injustices, en faisant preuve de force et de résilience",
témoigne Durga Bai, qui souffre aussi de discriminations dans sa vie
quotidienne. Encore récemment, en allant avec son mari apporter des
épreuves chez son éditeur, ils se sont fait jeter dehors par la
propriétaire de l'immeuble, qui leur vociférait des insultes sur leur
accoutrement.
Les artiste originaires de la tribu des Gond ne savent ni lire ni
écrire. Donc rien n'échappe au dessin, y compris les chiffres et les
lettres, qui ressemblent parfois à des serpents ou contiennent des
visages, et même les bulles. Celles-ci prennent la forme de moineaux si
les paroles qu'elles entourent sont affectueuses et bienveillantes.
Elles se transforment en scorpion si, au contraire, les mots sont
empreints d'animosité.
Dans la bande dessinée, les personnages se passeraient presque de
mots. Le jeune Ambedkar, qui a soif, est représenté avec un poisson dans
l'estomac. Et lorsqu'il est jeté d'un hôtel à cause de son appartenance
à la caste des intouchables, des épines lui sont dessinées sur tout le
corps. "Ils ont inventé leur propre style de bande dessinée, sans
gros plan, et en évitant les séquences. Ce livre rend justice à leur
langage visuel élaboré autant qu'à la vie d'Ambedkar",
explique S. Anand, le directeur de la maison d'édition Navayana.


Julien Bouissou
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